Dans le langage ordinaire, on peut dire d’une rame de tramway ou d’une ville qu’elle est cosmopolite, cela ne fait évidemment pas référence à la même acception du terme « cosmopolitisme » que dans le fait de parler, par exemple, d’un projet d’institution cosmopolitique à l’échelle internationale. En effet, les usages du terme « cosmopolitisme » sont tellement variés, ils recouvrent tellement de sens différents, qu’on ne sait plus si des auteurs différents ont encore quelque chose en commun, à tel point qu’il faut peut-être même abandonner tout simplement l’idée que l’on puisse définir le cosmopolitisme de façon précise et univoque sous peine de réduire certaines philosophies ou certains usages à des caricatures pour les faire entrer dans des cadres définitionnels qui seraient de toute façon trop larges pour être pertinents – par exemple en se contentant de la tautologie « le cosmopolitisme désigne le fait de se sentir citoyen du monde » sans chercher à l’analyser. De fait, le concept de cosmopolitisme peut désigner plusieurs choses selon les auteurs et selon les contextes (une manière d’être, une réalité sociologique, un projet politique, une conception du monde, etc.), et cette multiplicité de significations doit être clarifiée. C’est l’un des objets de cet article. À partir de ce travail de clarification des différents types de cosmopolitismes, il doit être possible de réfléchir d’une part au besoin (et à la forme possible) d’une éducation au cosmopolitisme, et d’autre part à ses limites face à la réalité du monde contemporain qui a entrainé une mutation profonde du concept : la citoyenneté mondiale n’est plus essentiellement un objet éthique mais est devenue un objet politique.