Dans le contexte mondial du vieillissement de la population, le vieillissement actif s’impose dorénavant comme cadre référentiel guidant l’action publique afin de susciter « l’activation » du citoyen-retraité face à sa trajectoire du vieillir. Celui-ci est de plus en plus enjoint, d’une part, à rester le plus longtemps possible sur le marché du travail et, d’autre part, à participer à la vie de la cité, surtout après la sortie de carrière. Pourtant, dans nos sociétés salariales, l’individu actif est généralement celui qui contribue au marché du travail. Au regard de la prédominance du travail rémunéré sur tout autre champ du social, comment pouvons-nous comprendre et interpréter le caractère actif de l’activité post-carrière des retraités, en l’occurrence celle des femmes, longtemps considérées comme « inactives » en raison du travail fantôme accompli dans le domaine du privé ? Au regard de résultats d’une recherche menée dans une perspective qualitative et privilégiant la méthode des récits de vie, nous nous sommes intéressés aux pratiques « actives » du vieillir dans la vie quotidienne de femmes ayant quitté le marché de l’emploi. Nous avons regroupé ces pratiques sous divers « pôles d’activation » et nous discuterons d’abord celles logées sous le pôle du care et, par la suite, les pratiques liées à la participation sociale, et ce, en tentant de cerner leur déplacement dans la transition biographique qu’amènent la sortie de carrière et l’entrée dans la retraite. Ces résultats nous amèneront, en conclusion, à réfléchir aux enjeux sociopolitiques, dont ceux liés aux rapports de genre que soulèvent les perspectives d’une citoyenneté « active » du vieillissement.