La radicalisation violente est un phénomène social aux contours imprécis et au fort investissement politique, qui concerne principalement les jeunes en ce qui a trait au passage à l’acte. Plusieurs pays occidentaux composent avec ce phénomène en optant pour une réponse sécuritaire, dans laquelle une étroite collaboration entre le champ de l’éducation et les forces de l’ordre est encouragée. Cet article explore les enjeux liés au resserrement des liens entre l’école et les forces de sécurité en matière de prévention de la radicalisation violente. Bien que le recul et les données probantes manquent pour tirer un bilan complet de ces relations, certaines recherches, consacrées à l’impact de la guerre au terrorisme sur les jeunes et sur la sécurisation des écoles américaines en réponse aux fusillades scolaires, appellent à la retenue. À la lumière de ces travaux, le présent article soutient qu’il est nécessaire d’établir des frontières claires entre les mandats de l’école et ceux des forces de sécurité. L’importance de ces pare-feu doit être mise de l’avant dans la formation du personnel scolaire en prévention de la radicalisation violente, afin de préserver la capacité de l’école à se poser en espace qui favorise le développement d’une pensée critique et d’une conscience de l’Autre.