Au Brésil, depuis la fin des années 1990, des actions collectives ont lieu autour du droit à la ville, en particulier pour le droit au logement. Alors qu’il existe des centaines, voire des milliers de bâtiments vacants dans le centre-ville de Rio de Janeiro et São Paulo, notamment, des organisations populaires occupent des bâtiments publics vides en vue d’obtenir le droit d’y résider et, éventuellement, de les transformer en logement public. Deux études ont mis en lumière la présence majoritaire de femmes qui, issues du milieu des sans-abri, des taudis et des favelas, jouent un rôle important dans les occupations. Dans cet article, nous proposons une analyse de la trajectoire de ces femmes afin de voir comment leur engagement à l’intérieur du mouvement urbain a changé leur vie sur les plans individuel et collectif. En d’autres termes, nous allons nous pencher sur le processus de construction du sujet politique opéré par des femmes de milieux précaires, actives au sein du mouvement pour le droit au logement. Par ailleurs, en nous penchant sur leur rôle au sein de ce mouvement, nous tenterons de voir dans quelle mesure ces femmes l’influencent et, en nous inspirant des travaux de Lefebvre et de Castells (1980), dans quelle mesure elles contribuent à la production de la ville.