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« Une cicatrice dans l’histoire » : l’UNESCO inaugure une exposition photos sur le génocide des Tutsis au Rwanda

« Nous savions que notre destin allait être sombre, mais nous ne nous attendions pas à être exterminés par nos propres voisins. » Ceci est un extrait du témoignage de Gaudance, une survivante du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Son récit et son portrait font partie de l’exposition photographique « Une cicatrice dans l’histoire » organisée par l’UNESCO du 12 au 21 avril 2023 pour commémorer le 29e anniversaire du génocide, dédiée aux survivants ainsi qu’à leurs compatriotes qui ont courageusement fait acte de résistance.

 

Conçue par la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et éducation, l’exposition présente 14 portraits réalisés par le célèbre photographe français Stéphane Dumont de Sauret et accompagnés de témoignages personnels. Elle a été officiellement présentée au public le 13 avril 2023 et constitue un partenariat de la Délégation permanente du Rwanda auprès de l’UNESCO, de la Fondation du Camp des Milles et d’Ibuka France.

 

« Ces photos rappellent avec force les défis qui persistent dans la lutte contre les atrocités de masse. Le génocide a laissé des traces indélébiles sur la vie, l’âme et le corps des héros de cette exposition. Mais grâce à l’éducation et au travail de mémoire, nous pouvons commencer à panser ces cicatrices » a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, lors de sa visite de l’exposition le 19 avril.

 

Le vernissage de l’exposition a eu lieu en présence du Sous-Directeur général pour la culture de l’UNESCO, Ernesto Ottone, ainsi que de S.E. M. François Nkulikiyimfura, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Délégué permanent du Rwanda auprès de l’UNESCO, et de Marcel Kabanda, Président d’Ibuka France.

 

Dafroza Gauthier, co-fondatrice du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, qui a consacré sa vie à la quête de la justice pour les survivants du génocide, et Nicolas Sadoul, directeur de la Fondation du Camp des Milles, les deux personnes qui sont à l’origine du concept de l’exposition, ont décrit comment celle-ci a pris naissance il y a dix ans. Ils ont souligné l’importance de continuer à maintenir vivants les récits des survivants et d’apprendre aux générations actuelles et futures à chérir et à protéger la dignité humaine.

 

« J’ai perdu toute ma famille » : récits de survivants du génocide


Parce qu’ils étaient Tutsis, Épiphanie, Gaudance, Cassier, Ernestine et d’autres survivants dont les récits sont mis en avant dans cette exposition ont été témoins de violences inimaginables. Un grand nombre d’entre eux ont perdu leur famille pendant le génocide et ont eux-mêmes échappé de peu à la mort. Leurs histoires sont celles de la douleur, de la souffrance, de la survie, du désespoir, de l’espoir, de la force et de la résilience de l’esprit humain face à des horreurs inimaginables.

 

« J’ai fait mes études dans une école privée... parce que les Tutsis n’étaient pas admis dans les écoles publiques » se souvient Ernestine, qui n’a jamais reçu de diplôme.  « Je suis triste : le handicap provoqué par mes blessures m’a empêchée d’avoir une famille » dit Épiphanie, seule survivante d’une famille de 12 personnes.

 

Maurice, âgé de cinq ans pendant le génocide, se souvient de la manière dont son petit frère et lui ont été sauvés : « Un voisin hutu a expliqué à ma mère que les petites filles tutsies n’allaient pas être tuées mais épargnées à des fins de « reproduction ». Comme il n’y avait pas de petites filles chez nous, il a donné à ma mère deux robes rouges. »

 

100 jours de commémorations


Le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 reste une cicatrice lancinante dans la conscience de l’humanité. En 100 jours seulement, plus de 800 000 membres de la minorité tutsie ont été assassinés par le gouvernement extrémiste hutu. Cette période a également vu le meurtre de Hutus modérés et de personnes opposées au génocide. Chaque année, le 7 avril marque le début d’un deuil de 100 jours suivi d’événements commémoratifs au Rwanda et dans le monde entier sous le slogan « Kwibuka » (« se souvenir »).

 

L’UNESCO se joint aux commémorations annuelles de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda et l’Organisation collabore systématiquement avec les décideurs, les éducateurs et la société civile à travers le monde pour faire progresser l’enseignement des génocides et mettre en lumière son importance dans la transformation des conflits et la paix durable.

 

  • En savoir plus sur les programmes de l’UNESCO dans le domaine de l’enseignement de l’histoire des génocides.

 

URL: https://www.unesco.org/fr/articles/une-cicatrice-dans-lhistoire-lunesco-inaugure-une-exposition-photos-sur-le-genocide-des-tutsis-au?hub=70962