Le « développement durable » (DD) est depuis 2004 en France l’objet d’une « éducation à » transdisciplinaire et obligatoire ; il est aussi thème structurant le programme de 5e depuis 2008, et figure dans d’autres programmes. Ces prescriptions sont inégalement convergentes et se heurtent aux structures des disciplines constituées, en même temps qu’à l’absence de savoirs de référence stabilisés. Comment la dimension éducative (comportements, valeurs) est-elle articulée sur les contenus disciplinaires ? Qu’en est-il de la place faite aux enjeux politiques du DD ? L’éducation au DD est-elle « disciplinarisée », aux dépens des dimensions éducatives explicites, ou au contraire modifie-t-elle le modèle disciplinaire de l’histoire-géographie ? Une recherche empirique apporte des réponses provisoires. Les formes de travail choisies par les enseignants oscillent entre pratique disciplinaire classique et essais de trans/pluridisciplinarité, entre incitation au questionnement et à la réflexion et transmission de savoirs factuels et impartiaux, entrecomplexité et simplification. Le changement de comportement est toujours supposé résulter des savoirs – parfois des actions pédagogiques. Les manuels reflètent les mêmes hésitations et se situent entre neutralisation/disciplinarisation des questions de DD et explicitation des débats et des conflits/posture implicante. La dimension éducative et surtout la question du politique divisent fortement les enseignants.