La démocratie est, paradoxalement, à la fois essentielle et précaire dans les sociétés diversifiées et divisées ayant de profondes fractures culturelles ou ethniques (c.-à-d., linguistiques, régionales, religieuses, raciales, et autres attributs de l’identité de groupe). Il existe des exemples de gestion relativement non violente de la diversité ethnique dans des systèmes non démocratiques, y compris le système des millets de l’Empire ottoman pour accommoder les communautés non musulmanes; le système colonial britannique d’administration indirecte; et les pratiques informelles d’équilibrage ethnique de nombreuses dictatures africaines1. Toutefois, la majorité des spécialistes de l’ethnicité conviennent que les régimes non démocratiques sont souvent des gestionnaires infructueux – et en fin de compte, insoutenables – de la diversité ethnique, et qu’il n’y a « aucune option de rechange viable à la démocratie » en tant que système de gouvernance pluraliste, pacifique, juste et durable d’une telle diversité2. Cela s’explique par le fait que les pratiques démocratiques fondamentales, y compris des élections multipartites crédibles et des protections efficaces pour les droits et libertés civiles, sont indispensables pour l’articulation, la représentation et l’accommodement adéquats d’intérêts ethniques divergents.