S’appuyant sur la notion de citoyenneté substantive, cet article vise à mieux cerner les conditions d’inclusion et d’exclusion des minorités ethnoculturelles et religieuses au sein de l’État québécois. Il s’intéresse aussi aux modèles de gouvernance privilégiés par ceux‐ci et examine le rapport entre la participation civique et la gestion des affaires publiques afin de mieux comprendre le type de gouvernance privilégiée par l’État et l’incidence de ce choix sur le rapport qu’entretiennent les minorités face à l’État. Son originalité repose sur un angle d’approche qui demeure peu étudié, notamment le discours des minorités ethnoculturelles et religieuses face à l’État. Au Québec plusieurs moments critiques autour de la question des accommodements raisonnables se sont enchaînés, culminant en la création de la Commission Bouchard‐Taylor en 2007. Ce qui a débuté autour d’un débat portant sur une notion juridique somme toute relativement circonscrite a donné lieu à une interrogation collective sur les thèmes de l’intégration, de la citoyenneté et de la place réservée aux minorités ethnoculturelles et religieuses au Québec. Cette recherche analyse les positions exprimées par les leaders des minorités ethnoculturelles ou religieuses quant aux principes et modalités de participation à la vie publique et aux rapports qu’elles veulent entretenir avec l’État. Elle cherchera à montrer l’hétérogénéité des approches privilégiées et les défis que cela pose sur les différents modèles de gouvernance pouvant être adoptés.