Selon les uns, l’Anthropocène n’est qu’un autre nom pour l’époque que nous appelons Holocène, les humains ayant commencé à exercer une pression sur l’environnement depuis 10 000ans, c’est-à-dire depuis leur sédentarisation et l’invention de l’agriculture. Selon d’autres, l’Anthropocène commencerait autour de 1800, avec la révolution industrielle. D’autres encore voient l’Anthropocène éclore dupremier champignon atomique de 1945. Malgré ces divergences, très rares sont ceux qui ne reconnaissent pas qu’au cours du dernier demi-siècle l’état de la planète s’est dégradé plus rapidement et plus dramatiquement que jamais : amasgigantesques de plastique sur les plages et dans les mers, développement sans précédent de nouveaux matériaux qui couvrent la surface terrestre et ne se recyclent que très peu, sols gorgés d’engrais, augmentation du taux d’acidité des mers, tauxde pollution sans précédent, érosion des forêts tropicales, dérèglement desécosystèmes, extinction massive des espèces et diminution drastique de la biodiversité, réchauffement climatique...À qui la faute ? Auxhumains – répond lamajorité des scientifiques. Reste à savoir si nous devrions tous porter la même charge deresponsabilité. Certains blâmant avant tout le système capitaliste né en Occident, parlent de Capitalocène ou d’Occidentalocène. Courons-nous à la catastrophe? Des voix s’élèvent pour prophétiser la fin du monde! Des notions comme Chtulhucène ou Thanatocène sont avancées pour signifier que le monstre rôde, quela mort nous guette... Des experts, bien plus modérés, n’en sont pas moins inquiets face à l’indécision des décideurs. «Tout se passe comme si l’humanité, léthargique, attendait la fin du film et le moment où les héros viendront tout arranger et où nous serons tous heureux pour toujours», lira-t-on dans ces pages.Le débat fait rage, les solutions tardent à venir. Le Courrier fait le point.